ESPAGNE. Selon le quotidien de droite « El Mundo », le gouvernement socialiste et ETA discuteraient d'un nouveau cessez-le-feu
Pas d'attentat mortel d'ETA en Espagne depuis le 30 mai 2003, jour oú deux membres de la police nationale furent victimes d'une bombe placée sous leur voiture. Le drame eut lieu en Navarre, à Sanguesa. Depuis, loin d'être restée inactive, ETA a provoqué une multitude d'attentats aux explosifs, dont l'un des plus spectaculaires le 25 juin 2005 au stade de La Peineta, à Madrid, alors que la capitale rêvait d'accueillir les JO de 2012.
Contrairement à ses habitudes, ETA s'est néanmoins abstenue de campagne estivale contre les intérêts touristiques espagnols, mais elle n'a cessé de faire pression pour le paiement de l'« impôt révolutionnaire » : attaques dirigées contre des entreprises, envoi de lettres d'extorsion dont la dernière vague serait parvenue en août.
Dans ce contexte, mille et une rumeurs de trêve courent depuis des mois, alimentées par les propos plus ou moins sibyllins tenus par tel ou tel membre du gouvernement, quand ce n'est pas par le président José Luis Zapatero lui-même. Hier, c'était au tour du quotidien « El Mundo » d'affirmer qu'en août, le gouvernement a entretenu des « contacts indirects » avec ETA afin de négocier une trêve dont l'annonce serait faite dans un délai de trois mois.
800 prisonniers d'ETA. Le quotidien madrilène (proche du PP) précise que l'opération « fonctionne bien » en dépit des récentes déclarations de la gauche abertzale, qui s'estime persécutée par certains juges. « El Mundo », invoquant des sources au sein des services de renseignements espagnols, ajoute qu'un cessez-le-feu annoncé, le chef du gouvernement espagnol solliciterait le congrès des députés afin d'être habilité à ouvrir des négociations.
En contrepartie, le sort des 800 prisonniers d'ETA incarcérés en Espagne et en France serait examiné. Dimanche, à Saint-Sébastien, la gauche radicale abertzale a d'ailleurs manifesté pour le rapprochement et l'amnistie des prisonniers tout en assurant qu'ils ne sauraient être « une monnaie d'échange ». Parmi les manifestants figuraient Rafa Diez Usabiaga, secrétaire général du syndicat ouvrier LAB, poursuivi par l'Audiencia Nacional pour appartenance à bande armée, ETA. Entendu hier par le juge instructeur Fernando Marlaska-Grande, il a finalement été laissé en liberté provisoire.
Trêves partielles. ETA, quoi qu'il en soit, maintient deux trêves partielles : l'une en vigueur en Catalogne depuis le 1er janvier 2004, l'autre depuis le 18 juin 2005 à l'égard des « élus des partis d'Espagne » (PP et PSOE). La perspective d'une nouvelle trêve se projette jour pour jour six ans après les accords de Lizarra-Garazi, passés entre les nationalistes de tous bords et les communistes-Verts en faveur d'une solution négociée.
Ils furent le fruit de contacts secrets menés entre nationalistes (PNV en tête) et ETA, laquelle déclara une trêve unilatérale illimitée et sans condition qu'elle s'empressa de rompre au bout de quatorze mois. Cette fois, les nationalistes modérés ne sont plus en première ligne, le PSOE dirige les opérations.
d ouest le 13 septembre 2005
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